Sunday, June 01, 2025 Kingston (Ontario) – 1er juin 2025 – Dans le cadre d’un premier essai clinique international, des chercheurs travaillant avec le Groupe canadien des essais sur le cancer (GCEC) ont démontré qu’un programme d’exercice structuré améliore considérablement la survie des patients atteints du cancer du côlon en réduisant le risque de récidive de la maladie et d’apparition de nouveaux cancers primaires.Les résultats de l’essai CHALLENGE (CO.21) ont été présentés aujourd’hui à la réunion annuelle 2025 de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) et publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine. Cet essai novateur, mené sur dix-sept ans, est le premier du genre à répondre de manière concluante à une question qui revient depuis longtemps en oncologie : L’activité physique peut-elle améliorer le taux de survie au cancer?« Les patients demandent très souvent aux oncologues ce qu’ils peuvent faire d’autre pour améliorer leurs résultats », a déclaré le Dr Christopher Booth, coprésident de l’essai, médecin oncologue au Centre des sciences de la santé de Kingston et professeur d’oncologie à l’Université Queen’s. « L’essai CO.21 apporte une réponse : un programme d’exercice physique après l’intervention chirurgicale et la chimiothérapie réduit le risque de récidive ou d’apparition d’un nouveau cancer et améliore la survie, ce qui permet aux patients de vivre mieux et plus longtemps. »Les résultats de l’essai ont permis de constater une amélioration significative de la survie globale et de la survie sans maladie chez les patients participant au programme d’exercices, comparativement à ceux qui n’ont reçu que du matériel d’éducation sur la santé. Les patients participant au programme d’exercice structuré ont vu leur risque de décès diminuer de 37 % et leur risque de récidive ou d’apparition d’autres cancers diminuer de 28 %.« Les résultats de notre essai montrent que l’exercice n’influe par seulement sur la qualité de vie, mais constitue un traitement contre le cancer du côlon qu’il faut offrir à tous les patients », a affirmé le Dr Kerry Courneya, professeur et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur l’activité physique et le cancer à l’Université de l’Alberta et coprésident de l’essai CO.21.L’essai a intégré l’activité physique aux soins après le traitement sous la supervision d’un physiothérapeute ou d’un kinésiologue. Chaque participant a choisi ses propres formes d’exercice d’intensité modérée dans le but d’ajouter 2,5 heures d’exercice par semaine.« Ce sentiment de responsabilité a fait toute la différence. Une simple recommandation d’exercice d’un médecin me dise de faire de l’exercice n'aurait pas suffi. Le fait qu'une personne me guide et fasse le point régulièrement a vraiment été déterminant », selon Terri Swain‑Collins, une participante à l'essai. Le soutien d’un entraîneur pendant les trois années de l’essai lui a permis d’établir un programme d’exercice adapté à ses besoins et de le suivre.Les chercheurs estiment que ces résultats devraient avoir une incidence sur les lignes directrices cliniques à l’échelle internationale, faisant de l’exercice physique une composante à part entière des soins du cancer du côlon, au même titre que la chimiothérapie et l’intervention chirurgicale. En définitive, si nous voulons obtenir de meilleurs résultats, les patients ont besoin d’un soutien pour changer leur mode de vie et les entraîneurs personnels doivent être intégrés au système de lutte contre le cancer au sein des équipes de traitement.« Le Groupe canadien des essais sur le cancer est ravi d’avoir encore une fois mené un essai clinique international sur le cancer qui changera la pratique à l’échelle internationale et améliorera les résultats pour les patients », a déclaré le chercheur principal de l’essai, le Dr Chris O’Callaghan. « Les résultats de l’essai CHALLENGE représenteront un point tournant dans le traitement du cancer du côlon. »« Les essais cliniques comblent l’écart entre les idées audacieuses et la pratique courante et sont essentiels pour faire progresser la recherche au bénéfice des patients », déclare le Dr Stuart Edmonds, vice-président principal, Mission, recherche et défense de l’intérêt public à la Société canadienne du cancer. « Ces résultats pourraient sauver et améliorer la vie des dizaines de milliers de personnes touchées chaque année par le cancer colorectal au Canada, et nous sommes fiers que nos donateurs nous aient permis de soutenir l’essai. »À propos de l’essaiCHALLENGE (CO.21) était un essai randomisé de phase III du GCEC portant sur l’incidence d’un programme d’activité physique sur la survie sans maladie de patients atteints d’un cancer du côlon de stade III ou d’un cancer du côlon de stade II à haut risque.Entre 2009 et 2024, l’essai international a recruté 889 patients ayant subi une intervention chirurgicale et une chimiothérapie adjuvante contre un cancer du côlon de stade III ou de stade II à haut risque. Les patients ont été assignés au hasard à un programme d’exercice structuré de 3 ans (445 patients) ou à recevoir du matériel d’éducation sur la santé promouvant l’activité physique et une alimentation saine (444 patients). Tous les patients ont également fait l’objet de la surveillance habituelle du cancer et de soins de suivi.Les patients participant au programme d’exercice ont rencontré le spécialiste de l’exercice une fois toutes les deux semaines pour suivre leurs progrès pendant la première année, puis une fois par mois pendant deux années supplémentaires. L’objectif était de les aider à ajouter 2,5 heures d’exercice aérobique par semaine à leur niveau d’activité habituel, et ce, pendant 3 ans.Au bout de cinq ans, le taux de survie sans maladie était de 80 % dans le programme d’exercices structurés et de 74 % dans le groupe du matériel éducatif sur la santé. Les patients participant au programme d’exercice structuré présentaient un risque de récidive ou d’apparition d’un nouveau cancer de 28 % inférieur à celui des patients qui n’avaient reçu que du matériel d’éducation sur la santé.Après huit ans, la survie globale était de 90 % dans le programme d’exercices structurés et de 83 % dans le groupe du matériel d’éducation sur la santé. Les patients participant au programme d’exercice structuré présentaient un risque de décès 37 % plus faible que ceux qui n’avaient reçu que du matériel d’éducation sur la santé.La coprésidente de l’essai internationale était la Dre Janette Vardy, de l’université de Sydney, en Australie, financée par le Conseil national de la santé et de la recherche médicale. L’équipe britannique était dirigée par la Dre Victoria Coyle de l’université Queen’s de Belfast, soutenue par Cancer Research UK. Le soutien de la Société canadienne du cancer a rendu cet essai possible.